Le Val des Ânes

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Ego comme X poursuit imperturbablement l’édition de ses œuvres autobiographiques qui ont fait sa reconnaissance depuis le Journal de Fabrice Neaud. On l’a souvent dit, le genre autobiographique, lorsqu’il devient systématique, peut parfois agacer, et ces dernières années ont connu une réelle prolifération de journaux intimes, de souvenirs d’enfance, de récits de voyage, comme si c’était là l’ultime horizon de la nouvelle bande dessinée d’auteur.
Alors, Le val des ânes, récit d’une enfance à la campagne, sera-t-il un énième récit autobiographique, que nous lirons d’un œil distrait, partagé entre le baillement sans surprise et l’irritation du déjà vu ?

Eh bien non, et c’est la grande qualité de Matthieu Blanchin, qui réussit le tour de force de captiver l’attention du lecteur avec des petites histoires d’enfance pourtant ni extraordinaires ni particulièrement poignantes. Blanchin raconte simplement quelques souvenirs de quand il était gamin, et qu’avec ses deux frères, ils allaient voler des pommes chez le voisin, ou jeter des pétards sur les dindons, ou partaient en colonie de vacance.
Mais le ton est toujours juste, sans attendrissement excessif, sans complaisance ou nostalgie déplacée. C’est même la relative cruauté des histoires qui fait mouche : cruauté envers un petit frère, éternel souffre-douleur , cruauté de petits garçons qui ont toute une campagne pour l’exercer. Alors bien sûr, on n’est pas obligé de se retrouver dans cette violence enfantine, mais elle ne nous est jamais vraiment complètement étrangère, et c’est finalement ce qui fait que nous adhérions complètement au pacte autobiographique, nous immergeant dans ces impressions d’enfance, si bien rendues par le dessin maladroit et vivant de Blanchin.

Site officiel de Matthieu Blanchin
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Chroniqué par en juin 2001